PIERRE PAUL RUBENS
SOUS LA TONNELLE DE CHÈVREFEUILLE
1609
1609
Pierre Paul Rubens - Sous la tonnelle de chèvrefeuille 1609 Huile sur toile - 178x136,5cm - Munich Alte Pinakothek |
Peu après son retour d’Italie où il séjourna huit années, Pierre Paul Rubens épouse en 1609 Isabelle Brant, fille de l’humaniste et avocat anversois Jan Brant. Pour célébrer cette union Rubens peint ce tableau de mariage représentant en un double portrait les jeunes épousés.
Loin d’une représentation compassée l’œuvre séduit le regard par le charme de son naturel, le raffinement de ses harmonies, la poétique des sentiments exprimés.
L’espace condense la plénitude de leur présence comme saisie sur le vif lors d’une promenade champêtre. Pour se reposer, Rubens et Isabelle se sont-ils assis à l’ombre d’une tonnelle de chèvrefeuille, lui sur un banc en bois de la manière la plus naturelle qui soit, jambes croisées, le buste imperceptiblement incliné vers la jeune femme assise à ses côtés en léger contrebas sur une proéminence herbeuse. Bien qu’il soit loisible de souligner cette différence d’assise comme une mise en valeur d’une éventuelle affirmation protectrice masculine, une observation approfondie des visages, des expressions, des costumes laisse apparaître un égal traitement des épousés.
L’ombre profonde du chèvrefeuille stylisé exalte par la symbolique de fidélité durable qu’il suscite le lien profond, indissoluble qui unit à présent Rubens et Isabelle reprenant en cet instant même le rituel cérémonial romain de la dextrarum junctio quand la main droite de la jeune femme vient reposer sur la main droite du peintre dans la plus absolue confiance.
Une timide floraison parsème de petites notes blanches la densité vert sombre du feuillage, des fleurs elles aussi stylisées s’inscrivent discrètement dans les angles inférieurs de la toile, la nature elle-même se met à l’unisson de la retenue affective des jeunes épousés en modulant son opulence, elle est l’accompagnatrice symbolique, le témoin silencieux de leur intimité à peine éclose.
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